Les frontières : une limite à l’idée de république ? (par J. Esnouf)

Atelier « L’idée de république » (2e année)
animé par Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni

Séance du 20 janvier 2018

Ecole Normale Supérieure 45 rue d’Ulm, salle Beckett
10h-12h30

 

« Les frontières, une limite à l’idée de république ? »

Jérôme Esnouf, professeur au lycée Janot de Sens, docteur en science politique

Le concept classique de démocratie, en désignant une forme spécifique de gouvernement, échoue à penser la nature du lien politique en vertu duquel une société humaine peut être dite universellement « juste », au-delà de ses particularismes propres. L’idée de République, dans cette perspective, permet de penser une telle universalité de la justice en remontant à un principe inconditionné de l’unité humaine, sans se borner à considérer les seules modalités techniques de la décision collective. C’est pourquoi tout gouvernement démocratique peut fort bien assumer une série de particularismes sur le plan territorial, ethnique ou encore culturel, tandis que la République, en tant que principe idéal transcendant les contingences historiques, impose une référence nécessaire à telle ou telle sorte d’universalité pour désigner la sphère d’inclusion potentielle dans laquelle elle se reconnaît. C’est ainsi que Cicéron, illustre citoyen de la République romaine, entendait moquer l’étroitesse de vue de la démocratie athénienne : « Les Athéniens ont inventé qu’ils étaient sortis de terre, comme nos souris de la surface des champs » (cf. De Republica, III, 15, 25). L’autochtonie athénienne et la pratique grecque des horoi territoriaux répugnaient ainsi au cosmopolitisme antique de Rome. Mais aussitôt restaurée et proclamée, l’universalité de la République romaine devait reconnaître ses propres « fines imperii », c’est-à-dire ces bornes territoriales que l’empereur Auguste dut, de mauvais gré, reconnaître comme étant celles de Rome elle-même. La « Ville éternelle » apprit donc que la République, universelle et sans limites dans son principe, devait accepter de s’incarner dans un corps historique qu’une limitation extérieure et une fragmentation intérieure ne pouvaient que menacer en toute circonstance.

La renaissance européenne de l’idée républicaine, durant les temps modernes, assuma cette fois cette double dimension paradoxale de sa manifestation temporelle : elle épousa désormais les contours territoriaux des Etats-nations naissants, tout en se fondant sur une nouvelle forme d’universalisme idéal qui, délaissant le règne cosmique des Cieux, pouvait désormais se recentrer sur la seule raison individuelle humaine. L’idée de République, en refusant toute forme d’autorité extérieure à la raison individuelle, et en imposant une limite intérieure très claire entre le domaine public et le domaine privé d’une part, et entre le politique et le religieux d’autre part, se donnait les armes adéquates pour contester tout principe impérial, excepté celui qui se fonderait sur l’idée nouvelle de la « nation ». Or la nation, désignant initialement une région locale où se reconnaissent un ensemble de natifs réunis en une communauté sociale donnée, va devenir un concept politique opératoire, désignant cette fois tout peuple doué d’une souveraineté absolue sur son propre devenir collectif. L’idée de République, enracinée durant les temps modernes dans le concept de nation, présentera ainsi cette alchimie inédite qui transforme le particulier en universel, rendant désormais correspondantes les idées de « citoyen » national particulier et d’ « homme » universel.

C’est avec la Révolution française que naquirent puis se généralisèrent les frontières politiques linéaires, distinguant des périmètres de souveraineté distincts. L’idée de République s’incarna dans des limites nationales, culturelles et territoriales particulières clairement identifiées, partageant en commun la célébration de la raison. Or, tandis qu’elle tendit à éliminer toutes les formes antérieures de limites intérieures, d’ordre juridique, administratif ou culturel, la République vit pourtant reconduire de nouvelles formes de limites, d’abord vers l’extérieur : d’une part entre les Etats-nations eux-mêmes, qui entrèrent alors dans des rapports concurrentiels tels qu’ils articulaient l’affirmation solitaire de soi et l’interdépendance solidaire avec d’autres, créant des situations géopolitiques particulièrement instables, et transformant les frontières nationales en espaces belligènes ; d’autre part entre la société « développée » en général et toute société humaine vivant à « l’état de nature » et donc à l’écart du progrès, justifiant par là une politique assumée de domination coloniale ou néo-coloniale. L’idée de République suscita également de nouvelles formes de limites sociales intérieures selon une ségrégation spécifique, comme le montrent les travaux d’Etienne Balibar, par exemple entre une société et une « culture » bourgeoises dominantes et d’autres formes de minorités sociales dominées, ou encore aujourd’hui entre une « élite » cosmopolite et aisément mobile, et des masses migratoires subissant les ressorts humiliants de l’administration frontalière nationale et internationale. De nouvelles limites issues de la souveraineté nationale sont donc bien présentes, à l’époque moderne et contemporaine, et parfois nocives pour la garantie de l’unité du genre humain, sur laquelle l’idée de République fonde pourtant sa légitimité.

La République, dans son expression moderne, manifeste avant tout le principe de l’autodétermination politique : se fondant sur ses seules ressources, la raison humaine individuelle délaisse progressivement toute forme d’autorité provenant d’une source religieuse, naturelle ou encore idéologique qui lui resterait extérieure. Elle prend alors le risque de susciter de nouvelles formes d’opposition et de ségrégation, dont le développement actuel, à l’heure où s’érigent des murs sur le pourtour mais également à l’intérieur des diverses républiques occidentales, suscite l’interrogation suivante : faudrait-il révoquer en doute ce principe républicain d’une autodétermination de la raison, en l’opposant à une sorte de « principe d’incomplétude » anthropologique, fondant tout lien politique possible sur une solidarité sociale dont la source lui serait nécessairement extérieure et supérieure ? Ou importerait-il, à l’inverse, de radicaliser ce principe d’autodétermination vers son ouverture intégrale vers l’horizontalité, c’est-à-dire vers une démocratisation réelle des procédures politiques contemporaines par l’intégration effective de tous les individus qu’elles concernent, afin de supprimer, cette fois, toute forme de limite arbitraire entre les hommes ? La question, en somme, serait de savoir s’il est nécessaire de continuer à fonder toute démocratie politique particulière sur une idée universelle de la République, ou bien au contraire de rénover cette dernière à travers une démocratisation radicale des procédures institutionnelles et juridiques qui la manifestent concrètement. Il semblerait que, dans les deux cas, celui d’une fermeture verticale comme celui d’une ouverture horizontale pleinement assumées, ce soit le principe républicain de l’autodétermination rationnelle et souveraine du lien politique qui soit aujourd’hui remis en cause.

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Sur la conception platonicienne du pouvoir politique (M. Chifflot)

Atelier « L’idée de république 2e année »,
animé par Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni

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Séance du 18 novembre 2017, 10h-12h30,
ENS Salle L 361,  24 rue Lhomond 75005 Paris

« En quoi et dans quelle mesure l’idée de « république » est-elle esquissée ou configurée
par la conception platonicienne du pouvoir politique ? »

par Martine Chifflot, docteur, habilitée à diriger des recherches, agrégée de philosophie honoraire, enseignante à l’université de Lyon 1 :

Le titre, « La République », communément attribué à la somme philosophique de Platon m’a suffisamment intriguée pour que je m’engage dans une enquête philosophique à son propos. Le modèle républicain semble avoir prévalu pour les constitutions modernes. Mais de quoi s’agit-il au juste et au plus juste du concept ? Dans ladite « République », Platon forge un paradigme très convaincant qui inspirera la tradition politique. Critiquant le régime démocratique, en raison des excès « libertaires » qu’il engendre, il élabore pourtant un modèle exigeant qui fait rempart contre la tyrannie et semble garantir la sauvegarde d’un bien commun.

« En quoi et dans quelle mesure l’idée de « république » est-elle esquissée ou configurée
par la conception platonicienne du pouvoir politique ? »

Telle est la question qui m’a paru correspondre à la problématique sous-jacente dont la résolution est capitale pour l’institution d’un ordre politique suffisamment juste. S’il me semble arriver à une conclusion paradoxale, c’est avec le plus grand intérêt que je verrai la discussion s’ouvrir à partir de mon exposé et de quelques textes significatifs.

Bibliographie

PLATON, La République, traduction G. Leroux, GF Flammarion, Paris, 2002.

CHIFFLOT Martine, Platon, l’âme et le bien, Editions Publibook, Paris, 2015

DIXSAUT Monique sous la direction de, Études sur La République de Platon, 1. de la justice ; 2. De la science du bien et des mythes, Vrin, Paris, 2005.

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Réflexions à propos et à partir de l’idée du droit public selon Kant (P. Windecker)

Atelier « L’idée de république »,
animé par Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni

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« Réflexions à propos et à partir de l’idée du droit public selon Kant »

par Pierre Windecker

Séance du 3 juin 2017

Des institutions politiques d’extension plus ou moins grande et qui, en compréhension, possèdent des compétences diverses et souvent hiérarchisées semblent opérer une sorte de partage de la « chose publique ». L’idée de République est immédiatement appelée par les institutions de la « souveraineté nationale » qui se placent sous son enseigne. Mais elle l’est aussi, de manière indirecte, par certaines institutions « supranationales » telles que les institutions européennes. Sans doute même l’est-elle – fût-ce, à la limite, sous la forme paradoxale d’une carence – par celles de la « communauté internationale ». C’est à partir d’un questionnement portant sur l’idée kantienne de droit public qu’on essaiera d’éclairer problématiquement cette situation.

On se demandera d’abord pourquoi le droit public doit se décliner aussitôt selon ses trois volets : droit politique, droit des gens, droit politique des gens. Une telle division ne saurait concerner la respublica noumenon : celle-ci, étant l’objet immédiat de l’idée pratique, posé par son pouvoir constituant immanent, ne peut qu’ignorer la pluralité et la relation extérieure. Le triptyque du droit public suppose donc que la respublica noumenon soit immédiatement pensée dans son rapport avec la possibilité d’une respublica phaenomenon. La supposition que celle-ci est divisible selon l’extension, et donc sujette à la pluralité et à la relation, est nécessaire pour prévenir un usage amphibologique des concepts de la réflexion dans le champ politique dont on interrogera les conséquences dangereuses.

Mais on examinera surtout ce triptyque du droit public dans la perspective d’une dialectique naturelle de la raison, dont les illusions ne peuvent précisément être combattues que si l’on maintient toujours l’écart entre res publica noumenon et res publica phaenomenon. De ce point de vue, la confusion entre république et démocratie apparaît comme l’effet d’un paralogisme dont seule l’idée de la forme « représentative » de tout gouvernement légitime peut nous préserver. Le droit des gens apparaît comme le lieu d’une antinomie. Le droit cosmopolitique, enfin, prend la place de l’idéal.

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L’actualité de l’idée de république (C. Schmelck)

Atelier « L’idée de république »,
animé par Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni

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« L’actualité de l’idée de république »

Séance du 18 mars 2017

Clara Schmelck, journaliste à Intégrales et Socialter, philosophe des médias.

Aujourd’hui, lorsque les médias français s’interrogent sur l’actualité de l’idée de République, ils scrutent les failles, les manquements ou les difficultés d’accomplissement de ce qu’ils entrevoient sans précision soit comme un type de gouvernement soit comme un idéal, cela non sans prendre le risque de laisser s’évaporer l’idée de République dans une atmosphère chargée de polémiques de circonstances. C’est ainsi que dans les actualités diffusées dans les journaux, à la télévision ou sur internet, la République apparaît de plus en plus souvent comme une abstraite incantation magique venant donner une tonalité édifiante à un article relatant un fait politique marquant. On invoque « les valeurs de la République » comme si cette expression figurait une transcendance absolue imposant ou bien obéissance immédiate, ou bien procès imminent.

Cette « idée » actuelle de la République relève en fait de représentations influencées par notre époque. La République, selon l’opinion que l’on s’en fait, serait ou bien un outil indispensable pour façonner la démocratie aujourd’hui, ou bien, a contrario, une notion caduque incapable de donner corps, trois cents ans après la Révolution qui l’a installée, à une société démocratique en France. L’enjeu est de sonder si ce fameux « idéal républicain » est porteur oui ou non du « vivre ensemble » démocratique, à savoir de la concorde civile fondée sur l’égalité en droits de tous les citoyens.

Notre démarche cherchera à quitter la sphère de l’opinion et des représentations pour revenir sur les principes philosophiques dans lesquels s’enracine la République, et parvenir ainsi à démontrer qu’en son idée, la République n’est pas un édifice conceptuel figé dans le passé, ni encore un outil à manipuler pour déverrouiller les engrenages de la société de notre temps, mais un processus qui joint et la pensée et l’action civiques. Et c’est paradoxalement en cela que la République est actualisable.

À cette fin, nous soutiendrons cette idée de la République : « le vivre ensemble » que porte la République est un mouvement de constitution d’un rapport commun des libertés, où chaque liberté individuelle, sans cesser d’être individuelle, en sa vocation de dépassement, donne aux autres et reçoit toutes les autres libertés. Précisément, ce qui fait l’actualité permanente de la République, c’est-à-dire ce en quoi elle existe en acte, c’est la possibilité d’une subjectivation de l’unité politique à l’échelle individuelle qui soit compatible avec l’affirmation de la liberté du sujet en tant que personne juridique qui a la responsabilité des actes politiques.

Autrement dit, la République s’actualise à travers le processus continu de citoyenneté des personnes qui y participent. Le citoyen de la République n’a sa véritable actualité qu’en contribuant à se faire lui-même avec ses concitoyens, par un devenir volontaire tout au long de sa vie, d’abord en tant qu’élève de l’école de la République, puis en tant que lecteur/auteur de la presse libre. Dans cette perspective, l’instruction publique et la presse libre ne sont pas des « leviers » de la République, comme on le lit souvent, mais des moments du processus républicain.

À travers l’analyse de la citoyenneté, processus singulier de civilisation, nous décrirons l’idée de République telle l’idée vivante qui fonde la possibilité d’une démocratie.

Ernst Cassirer et l’idée d’une république allemande (R. Bertrand)

Atelier « L’idée de république »,
animé par Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni

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« Ernst Cassirer et l’idée d’une république allemande »

Séance du 21 janvier 2017, 10h-12h30,
Attention, changement de salle : la séance a lieu à l’ENS 45 rue d’Ulm, amphi Rataud
S’inscrire avant le 17 janvier pour assister à la séance : formulaire sur cette page.

Romain Bertrand, professeur au lycée Henri Parriat de Montceau-les-Mines, doctorant à l’université Paris-Ouest Nanterre-La Défense.

Interroger l’Idée de République est une invitation à questionner l’une des notions matricielles de notre présent politique, moins dans sa forme canonique nationale de République française que dans la pluralité de ces instanciations. En suivant la définition de l’idée que donne Alain Badiou, dans son texte consacré à l’Idée du communisme, on peut affirmer que le propre de l’idée est de nous amener à faire fonctionner ce dont elle est la notion dans un environnement étranger et analyser son intégration à un ensemble de problèmes différents de ceux qui l’entourent habituellement. Interroger « l’idée de République » prend alors un sens particulier dans la mesure où l’instanciation historique française semblerait tendre à épuiser ce que l’on pourrait en dire, semblant qu’il faudrait précisément dépasser.

Se fait alors jour la nécessité d’un décentrement, et fondamentalement d’un décentrement national. C’est pour mener à bien ce décentrement que nous proposons d’analyser l’idée de République à partir de sa formulation allemande que fut la République de Weimar, scène d’un affrontement autant politique que philosophique. Le problème fondamental qui se pose autour de cette émergence d’une République allemande est celui d’un questionnement sur la compatibilité de la forme républicaine avec la culture allemande et sur la pérennité d’un régime politique vécu comme une acculturation imposée par les vainqueurs de 1918. Ernst Cassirer a été le témoin sublime de ces événements politiques, en prenant part aux débats de l’époque du côté de ce que Habermas a nommé le « patriotisme de la constitution ».

Cassirer s’intéresse à ce problème dès 1916, et donc avant la proclamation de la République, dans le contexte tourmenté de la première guerre mondiale, à travers son étude Liberté et Forme, en se différenciant des engagements nationalistes de nombreux intellectuels (et notamment Hermann Cohen, Paul Natorp ou encore Thomas Mann) par un questionnement sur l’histoire de la culture allemande visant à développer un modèle cosmopolitique comme une riposte à la xénophobie ambiante.

Mais après la proclamation de la République, l’engagement de Cassirer pour le régime républicain, contesté par la révolution conservatrice, s’affermit jusqu’à son discours du 11 août 1928 intitulé « l’Idée de la constitution républicaine », où il interroge précisément les racines intellectuelles de cette forme politique en mettant en évidence son lien avec la philosophie de Leibniz et Kant, et leur reconnaissance de la liberté individuelle, rendant ainsi possible et légitime la rencontre de la République et de l’Allemagne.

Ce que Cassirer donne à penser, c’est l’articulation de l’action et de la pensée, en faisant de l’idée de République le corrélat politique de l’idéalisme allemand. Au-delà de toutes les traditions nationales, c’est à la considération idéelle du politique que nous sommes alors invités.

Bibliographie

  • Ernst Cassirer, Liberté et forme. L’idée de la culture allemande, trad. J. Carro, M. Willmann-Carro et J. Gaubert, Paris, Editions du Cerf, 2001.
  • Ernst Cassirer, L’idée de la constitution républicaine. Discours prononcé lors de la fête de la constitution le 11 août 1928, trad. O. Feron, Philosophie 2007/4 (n° 95), pp. 7-20.
  • Ernst Cassirer, Le mythe de l’Etat, trad. B. Vergely, Paris, Gallimard, 1993.
  • Ernst Cassirer, La philosophie des Lumières, trad. P. Quillet, Paris, Fayard, 1966.
  • Joël Gaubert, La science politique d’Ernst Cassirer, Paris, Editions Kimé, 1996.
  • Peter Gay, Le suicide d’une république. Weimar 1918-1933, trad. Jean-François Sené, 1995.
  • David R. Lipton, Ernst Cassirer : The dilemma of a liberal intellectual in Germany, 1914-1933, Toronto, University of Toronto Press, 1978.
  • Arno Münster, L’école de Marbourg. Le néo-kantisme de Hermann Cohen vers le socialisme éthique, Paris, Editions Kimé, 2004.

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L’idée d’une science de l’homme dans la philosophie kantienne (par G. Blanc-Brude)

Atelier « L’idée de science » 3e année,
animé par Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni

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L’idée d’une science de l’homme dans la philosophie kantienne

argument et texte intégral

Séance du 28 mai 2016, salle du Caphés 29 rue d’Ulm, 10h-12h30

Gilles Blanc-Brude, professeur au lycée Georges Clemenceau, Reims, docteur en philosophie

 

Qu’y a-t-il à connaître de l’homme ? La connaissance de l’homme peut-elle prétendre au rang de science ? Dans la philosophie de Kant, cette question devient : de quel droit une anthropologie écrite d’un point de vue pragmatique peut-elle y prétendre ? Kant présente en effet son Anthropologie du point de vue pragmatique (1798) comme une théorie systématique et, à ce titre, comme une science. Or, au vu de la facture de l’œuvre, qui ne rend jamais raison de ses divisions, une telle prétention a de quoi déconcerter. J’ai voulu chercher ce qui pouvait la rendre légitime.

Il faut au préalable distinguer plusieurs degrés de systématicité : celui d’une science descriptive (Naturbeschreibung) qui connçoit les phénomènes par leurs caractères ; celui d’une science de la nature (Naturwissenschaft) qui discerne les lois mathématiques de leurs variations ; celui enfin d’une métaphysique et d’une philosophie transcendantale (Wissenschaft) qui veulent comprendre en leur nécessité l’unité de ces lois et les limites du savoir. Ce dernier degré relève de l’idée antique de science, les deux premiers de l’idée moderne que nous nous en faisons.

L’anthropologie de Kant, qui se démarque délibérément de la perspective objectivante et mathématique de la Naturwissenschaft, est-elle simplement science au sens le plus faible d’une description et d’un classement empirique des phénomènes humains ? Ou l’est-elle aussi au sens le plus exigeant, et antique, d’une théorie ou d’une pensée comprenant la nécessité de sa forme ? Mériterait-elle alors le titre paradoxal de « science métaphysique de l’homme » ?

Je préciserai d’abord le rapport entre l’anthropologie pragmatique et les sciences de la nature, en considérant en particulier les apories d’une connaissance scientifique de l’intériorité qu’expose la Préface des Premiers principes métaphysiques de la science de la nature (1786).

Je me demanderai ensuite dans quelle mesure l’anthropologie kantienne, étant donné la difficulté de lui reconnaître une forme systématique rigoureuse, peut être assimilée à une histoire naturelle ou à une science humaine, en étudiant la Préface de 1798.

Enfin, sur la base des indices donnés par l’Architectonique de la raison pure, j’examinerai l’affinité entre la critique et l’anthropologie, en cherchant en quoi la première « ordonne et dirige » la seconde. Il sera question des échafaudages qui ont dû servir à l’édifier (lecture « scolastique »), puis des fins essentielles de la raison pouvant lui donner une unité systématique propre (lecture « cosmique »).

Indications bibliographiques

  • R. Brandt, Kritischer Kommentar zu Kants Anthropologie in pragmatischer Hinsicht (1798), Meiner, 1998
  • R. Brandt, W. Stark, Vorlesungen über Anthropologie. Kant’s Vorlesungen, bd. XXV, hrsg. von der Akademie der Wissenschaften zu Göttingen, de Gruyter, 1997
  • M. Foucault, Introduction à l’Anthropologie de Kant. Anthropologie du point de vue pragmatique, Vrin, 2008
  • Y.-J. Harder, « Tout le monde », Les Cahiers philosophiques de Strasbourg, PUS, 25/2009, p. 15 s.
  • N. Hinske, Kants Idee der Anthropologie. Die Frage nach dem Menschen, K. Alber, 1966, p. 410 s.
  • G. Lebrun, Kant et la fin de la métaphysique : essai sur la Critique de la faculté de juger, LGF, 2003
  • W. Stark, Historical Notes and Interpretive Questions about Kant’s Lectures on Anthropology, Essays on Kant’s Anthropology, Cambridge UP, 2003, p. 15 s.
  • F. Weber, Brève histoire de l’anthropologie, Flammarion, 2015
  • é. Weil, Problèmes kantiens, Vrin, 1990

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L’idée de la science chez Rousseau (par S. Labrusse)

        Atelier L’idée de science 2015-2016
animé par Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni

Séance du 19 mars 2016
10h, Caphes 29 rue d’Ulm 75005 Paris (salle à préciser)

L’idée de la science chez Rousseau
Sébastien Labrusse, professeur au lycée Marie Curie, Versailles, docteur en philosophie

Rousseau est très précisément concerné par les sciences et il a consacré de longs développements à l’enseignement des sciences dans Emile ou de l’éducation. Nous prendrons comme exemple l’enseignement de l’astronomie car il révèle sa conception paradoxale du savoir scientifique.

Les leçons d’astronomie dans le Traité de sphère et dans Emile sont singulières : Rousseau expose le système de Ptolémée, qu’il sait faux, et non le système de Copernic, dont on ne peut plus douter de la vérité. Comment expliquer ce choix pédagogique ? Il ne faut jamais, avait dit Rousseau, faire entrer d’idées fausses dans l’esprit d’Emile. Or, il enseigne un système faux ! Comment rendre compte de cette préférence pour l’ancienne physique ? Rousseau souligne que le soleil – qu’il nomme le père de la vie – n’est pas seulement l’objet de la connaissance scientifique, mais est aussi une réalité symbolique. Le ptoléméisme de Rousseau semble s’expliquer par le désir qu’il a de ne pas occulter les significations symboliques et religieuses des phénomènes que les sciences de la nature étudient. Cette étude se propose d’examiner l’entrecroisement de la connaissance scientifique et du savoir symbolique dans la pensée de Rousseau. Outre les textes de Rousseau, dans l’Emile, mais aussi les Confessions, le Traité de sphère, voici quelques indications bibliographiques :

Bensaude-Vincent, Bernadette et Bernardi, Bruno, Rousseau et les sciences, Paris, L’Harmattan, 2003.

Dottrens, E, Rousseau et les sciences de la nature au XVIIIe siècle, Musées de Genève, n° 26, juin 1962, p. 5-8.

Imbert, Francis, Critique de la science, critique de la philosophie chez Jean-Jacques Rousseau, Archives de philosophie, 52, 2, avril-juin 1989, p. 203-230.

Kiernan, Colm, Science and Enlightenment in eighteenth-century France, Oxford, Voltaire Foundation, 1968.

L’idée de science et la pratique classificatoire (par C. Braverman)

Atelier L’idée de science 2015-2016
animé par Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni

Séance du 23 janvier 2016
10h, Caphes 29 rue d’Ulm 75005 Paris, salle Langevin, 1er étage gauche

L’idée de science et la pratique classificatoire

Charles Braverman, professeur au lycée Henri Parriat, Montceau-les-Mines,
chargé de cours à l’université de Bourgogne, doctorant aux Archives Henri Poincaré de Nancy

Argumentaire :

Si réfléchir au sujet des sciences est une entreprise essentiellement philosophique, penser les sciences n’est pourtant pas l’apanage des philosophes professionnels. Le XIXe siècle en France est alors exemplaire d’une prise en charge de cette réflexion sur les sciences par de nombreux savants. Ampère, Comte, Cournot, Renouvier, Poincaré et Duhem sont quelques figures de savants qui ont non seulement eu une formation scientifique pointue, ainsi qu’une véritable place institutionnelle dans le monde scientifique, mais qui ont également contribué à enrichir la réflexion philosophique sur les sciences.

Le terme de science est ici pris au pluriel, parce que la lecture de ces auteurs du XIXe siècle atteste une prise de conscience selon laquelle le mot science risque de n’être qu’un homonyme masquant mal (ou trop) la pluralité des sciences. A travers l’institutionnalisation de certaines disciplines et l’épanouissement de nouveaux domaines de recherche, le XIXe siècle pourrait même sembler souligner l’irréductible éclatement du champ scientifique ; éclatement face auquel la science ne serait décidément qu’une idée, au sens de chimère.

Cependant, c’est également au XIXe siècle que le terme de philosophie des sciences semble apparaître et on le trouve notamment démocratisé par Ampère grâce au titre de son dernier ouvrage. L’Essai de philosophie des sciences d’Ampère (1834) est en fait une classification des sciences. Comte et Cournot empruntent également cette voie de la classification des sciences qui est vue comme une manière de mettre de l’ordre et de l’unité dans la diversité des sciences. Or, si ces savants s’intéressent à la démarche classificatoire, ce n’est peut-être pas accidentel et ce n’est peut-être pas parce qu’elle serait seulement digne d’intérêt pour aborder la diversité des sciences. Il suffit de regarder la pratique scientifique de l’époque pour observer l’importance de l’usage de la classification par les naturalistes, les médecins, les chimistes, mais aussi les mathématiciens.

Dès lors, une question émerge : la classification ne pourrait-elle pas être pensée comme étant un paradigme fondamental pour caractériser la science au XIXe siècle ? Ainsi, l’idée de science ne peut-elle pas trouver sa définition et son unité à travers le paradigme classificatoire ?

C’est cette hypothèse d’une identification entre science et classification qui sera examinée à l’aune des réflexions philosophiques sur les sciences menées par certains savants français du XIXe siècle pour lesquels l’idée de science ne doit pas être disjointe de la pratique de la science . Quoique l’ancrage de notre propos soit essentiellement historique, il ne suivra pas un ordre purement historique, mais aussi analytique, afin de déterminer ce que devient l’idée de science quand elle est assimilée à la pratique classificatoire.

Avec Ampère, l’héritage baconien et naturaliste sera mis en avant afin de montrer comment la classification est érigée en idée paradigmatique de la méthode expérimentale inductive telle qu’elle est décrite au début du XIXe siècle. Cependant, loin d’être isolée et anecdotique, cette réduction de l’idée de science à la classification est également explicitée et systématisée, à la fin du siècle, par Duhem.

Il s’agira alors de montrer que ce qui est impliqué, à travers cette idée de la science, est la mise en exergue du problème ontologique de la portée de la connaissance scientifique et la remise en question de la vérité correspondance. Si la science est synonyme de classification, que peut-on espérer connaître ?

Réalisme, conventionnalisme, nominalisme ou scepticisme sont autant d’options philosophiques qui sont ainsi mises sur le devant de la scène. Nous verrons comment, chez des savants comme Ampère, Cournot et Duhem, fonctionne une stratégie de « classification naturelle », synonyme de réalisme structural, permettant de fournir une Idée directrice pour orienter le progrès scientifique (qui implique notamment chez Duhem une discussion du conventionnalisme de Poincaré).

Enfin, la référence à Renouvier (un autre savant du XIXe siècle ayant attaché une grande importance à la notion de classification comme démarche scientifique) permettra de mettre en avant la notion de croyance. En effet, cette notion apparaît comme étant centrale pour toute réflexion sur le fondement de la science et est largement implicite dans les débats autour de la portée ontologique des classifications. Deux options philosophiques pourront alors être confrontées afin de caractériser l’idée de science : le phénoménisme et le phénoménalisme.

Bibliographie indicative :

  • Ampère, Essai sur la philosophie des sciences, ou Exposition analytique d’une classification naturelle de toutes les connaissances humaines, 1834.
  • Cournot, Traité de l’enchaînement des idées fondamentales dans les sciences et dans l’histoire, 1861.
  • Duhem, La théorie physique, son objet, sa structure, 1906.
  • Maine de Biran, Mémoire sur la décomposition de la pensée, 1804.
  • Maine de Biran, Correspondance philosophique Maine de Biran-Ampère, (Vrin)
  • Poincaré, La Science et l’hypothèse, 1902
  • Renouvier, Essais de critique générale, 1854-64 (puis augmentés et remaniés par les rééditions)

L’idée de science chez Whitehead (par J. Devos)

Atelier « L’idée de science » 3e année,
animé par Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni

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Séance initialement prévue le 21 novembre 2015.
Reportée au 9 avril 2016.

L’idée de science chez Whitehead

Jean Devos, professeur de Première supérieure (Saint-Cyr)

Argumentaire 

Les bouleversements de la science moderne ont favorisé l’émergence d’une critique de la métaphysique implicite à l’idée classique de la science, et qui consistait à établir le savoir en sa vérité sur l’identité fondamentale de la pensée et de l’être. Dans ce nouveau contexte, où la valeur de la science ne repose plus dans la capacité de la raison à saisir sur un mode contemplatif la structure ontologique du monde, les relations entre vérité scientifique et vérité philosophique sont devenues un problème de première importance.

Logicien et mathématicien philosophe, Alfred North Whitehead (1861-1947) critique une certaine conception de la réalité qui hypostasie et oppose l’« objet » et le « sujet ». Une telle dichotomie fait naître dans la pensée une polarisation entre, d’une part, le monde spatio-temporel des objets de la connaissance scientifique, et, d’autre part, le monde interne des cogitations de l’ « esprit ».

Whitehead s’appuie sur les grandes conceptions de l’univers, de Platon à Einstein, pour composer une théorie renouvelée de la réalité, conçue comme un flux spatio-temporel. Il intègre l’idée de la science à l’élaboration d’une vaste synthèse où les sciences sont coordonnées entre elles dans la perspective d’une cosmologie mathématique.

Nous verrons en quel sens la critique mutuelle des catégories scientifiques et des catégories philosophiques nous invite à une réflexion sur l’espace et le temps, et nous engage à une réévaluation de l’idée de science dont l’enjeu est l’adéquation entre la vérité et la réalité au sein de l’expérience.

Repères bibliographiques

Principales œuvres de Whitehead :

  •  A Treatise on Universal Algebra, with Applications, Cambridge, 1898
  •  « On Mathematical Concepts of the Material World», Londres, 1906
  •  (avec Bertrand Russell), Principia Mathematica, Cambridge, 1910-1913
  •  An Introduction to Mathematics, Londres, 1911
  •  « La théorie relationniste de l’espace », Paris, 1914, 1916
  •  « Space, Time, and Relativity », Proc. of the Aristotelician Soc., 1915
  •  The Organisation of Thought, Educational and Scientific, Londres, 1917
  •  An Enquiry Concerning the Principles of Natural Knowledge, Cambridge, 1919
  •  The Concept of Nature, Cambridge, 1920
  •  The Principle of Relativity, with Applications to Physical Science, Cambridge, 1922
  •  Science and the Modern World, New York, 1925
  •  Religion in the Making, New York, 1926
  •  Symbolism, Its Meaning and Effect, New York, 1927
  •  Process and Reality. An Essay in Cosmology, New York, 1929
  •  The Aims of Education and Other Essays, New York, 1929
  •  The Function of Reason, Princeton, 1929
  •  Adventures of Ideas, New York, Cambridge, 1933
  •  Nature and Life, Chicago, Cambridge, 1934
  •  Modes of Thought, New York, Cambridge, 1938
  •  « Mathematics and the Good », « Immortality », «Autobiographical Notes», in The Philosophy of Alfred North Whitehead, Evanston, Ill., 1941 (cf. infra)
  •  Essays in Science and Philosophy, Londres, 1947

Etudes sur Whitehead:

  • Philippe Devaux, La Cosmologie de Whitehead, tome 1, L’Epistémologie whiteheadienne, Paris, Editions Chromatika, 2007
  • Gilles Gaston Granger, L’Irrationnel, Paris, Editions Odile Jacob, 1998, chap. IX, «Alfred North Whitehead : un “schème cosmologique” », pp. 261 sq.
  • Ivor Leclrec (éd.), Philosophical Essays in Commemoration of the Centenary of Alfred North Whitehead, New York, Macmillan, 1961
  • Victor Lowe, Alfred North Whitehead : The Man and his Work, Baltimore, John Hopkins University Press, vol. 1, 1985, vol. 2, 1990
  • Wolfe Mays, Whitehead’s Philosophy of Science and Metaphysics. An Introduction to his Thought, The Hague, Martinus Nijhoff, 1977
  • Maurice Merleau-Ponty, La Nature. Notes de cours du Collège de France, Paris, Gallimard, 1968, Seuil, 1995, part. II, chap. 3, « L’idée de nature chez Whitehead », pp. 153 sq.
  • Robert M. Palter, Whitehead’s Philosophy of Science, Chicago, The University of Chicago Press, 1960
  • Bertrand Saint-Sernin, Whitehead. Un univers en essai, Paris, Vrin, 2000
    – « L’essai de cosmologie de Whitehead », in Daniel Andler (dir.), Philosophie des sciences, Paris, Gallimard, vol. I, 2002, pp. 107-121
  • « Morphogenèse mathématique du monde matériel », in Les Etudes philosophiques, oct-déc. 2002
  • Paul Arthur Schilpp (éd.), The Philosophy of Alfred North Whitehead, The Library of Living Philosophers, vol. III, Evanston, Ill., Northwestern University, 1941, La Salle, Ill., Open Court, 2e éd. 1951, 3e éd. 1991
    Albert Einstein : Philosopher-Scientist, The Library of Living Philosophers, vol. VII, Evanston, Ill., Northwestern University, 1949, 2ème éd. 1951, La Salle, Ill., Open Court, 3ème éd. 1970
  • Jules Vuillemin, La Logique et le monde sensible. Etudes sur les théories contemporaines de l’abstraction, Paris, Flammarion, 1971, part I, chap. 3, « Les limites externes du réalisme : la théorie de l’abstraction chez Whitehead », pp. 61 sq.
  • Jean Wahl, « La philosophie spéculative de Whitehead », in Vers le concret. Etudes d’histoire de la philosophie contemporaine, Paris, Vrin, 1932

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L’idée de sciences de la nature (par A. Chauve)

Atelier « L’idée de science » (2e année) 2014-2015

Séance du 24 janvier 2015 : argument

10h à 12h30 au CAPHES 29 rue dUlm 75005 Paris

L’idée de sciences de la nature
par Alain Chauve (1)

Si l’expression « sciences de la nature » a un sens, il faut bien qu’elle corresponde à une idée. Les sciences de la nature présupposeraient donc une certaine idée de ce qu’est la nature en tant qu’elle est l’objet de sciences.

On est alors amené à se poser deux questions. D’abord, quelle serait cette idée ? Et ensuite, peut-on aller jusqu’à dire que des sciences qui veulent être des sciences de la nature sont fondées sur cette idée ? Si c’était le cas, il faudrait admettre que l’idée de sciences de la nature est une idée métaphysique. Par voie de conséquence, le caractère scientifique des sciences de la nature deviendrait problématique. Le rôle fondamental de l’observation dans ces sciences et l’idée qui serait leur fondement entreraient en contradiction et poseraient un problème insoluble.

1 –  Professeur de première supérieure, inspecteur pédagogique régional

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