D. Deleule : contribution au débat sur l’exposé de M. Brailly

Didier Deleule :
contribution au débat sur l’exposé de Magali Brailly
La mondialisation néo-libérale contre le cosmopolitisme

1 – Le cosmopolitisme, pas plus que la mondialisation, n’est à sens unique: être citoyen du monde, cela veut aussi bien dire: « être partout chez soi » (certaine version du stoïcisme et sa postérité convenue) que « n’être nulle part chez soi » (version plutôt cynique: Diogène est seul dans sa jarre [pistos] mais il se partage entre Corinthe et Athènes et n’appartient donc à aucune cité). On pourrait, mutatis mutandis, appliquer la même formule à ce qu’on appelle aujourd’hui la mondialisation, ou la globalisation, avec les conséquences que cela entraîne.

2 – S’agissant du libéralisme dans sa version économique, celle-là même dont se réclament les tenants de la mondialisation, il m’apparaît important de comprendre que le modèle qui préside à l’entreprise (c’est le cas de le dire) est d’ordre domestique. J’entends par là que, dans les circonstances actuelles (en d’autres temps, il s’agissait du patriarcat, du modèle pastoral, voire de la famille), ce qui est non seulement mais encore imposé, c’est le modèle de l’entreprise (avec ses oripeaux d’origine anglo-saxonne: « corporate », « gouvernance », et j’en passe) comme « gestion politique » d’un pays. Le négociant, comme aurait dit Hume qui le regrettait, a pris le pas sur l’homme d’Etat. Ce qu’on appelle le néolibéralisme se caractérise par ce retour offensif (contre les pionniers du libéralisme: Hume, Smith et alii) du primat du domestique comme modèle généralisé du politique lui-même qui, en tant que tel, se trouve dès lors condamné au retrait, à la paupérisation, voire à l’extinction.

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