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Atelier Littérature et philosophie, 2e séance 2023-2024

20 janvier , 10:30 - 12:00

Atelier « Littérature et philosophie », 2023-2024,
animé par Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni

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Isabel Weiss, Lycée Condorcet (Paris)

En quoi le poème est-il spéculatif ?

Samedi 20 janvier 2024, 10 h 30 – 12 h, ENS 45 rue d’Ulm 75005 Paris, salle Pasteur, Pavillon Pasteur.

Interroger le caractère spéculatif du poème, de tout poème ou de quelque chose dans le poème, c’est interroger une certaine mise en œuvre poétique de la vérité. Pour éclairer cette question, on pourra notamment prendre appui sur ces deux propos de Hegel, situés dans la préface de la Phénoménologie de l’esprit : 1. « En sorte que le vrai est le vertige bachique, dans lequel il n’est pas un seul membre qui ne soit ivre, et parce que chaque membre, en se détachant, se dissout aussi immédiatement – ce vertige est tout aussi bien le repos transparent et simple » (§56, Aubier, 1991, p. 57) 2. « En tant que proposition, le spéculatif n’est que le blocage interne et le retour non existant de l’essence en soi » (§80, op. cit., p. 70). Le retour de l’essence, sans son être-là, n’est pas sans faire penser à la notion pure des choses dont parle Mallarmé dans Crise de vers, où la nécessité poétique semble pouvoir présenter un aspect spéculatif. Interroger le spéculatif du poème, c’est aussi comprendre comment un dévoilement est possible. L’écriture poétique provoque le sens dans un tissu sensible et psychique : s’il y a quelque chose à comprendre, c’est que l’être est impression, c’est dans l’impression que se déplie le dire. Le poème nous apprend à devenir les auteurs de ce que nous percevons (les auteurs, non les sujets simples). La frappe unique, authentique du poème, dit vrai, dit juste, en ce qu’elle est dans le concret : elle suit une piste, prend un risque (sinon il n’y a pas création) car le poème est une exposition ou plutôt, selon le mot de Gadamer, une surexposition. La langue ordinaire, la syntaxe, les accents, les sonorités des mots, leurs évocations, leur forme, et d’autres choses encore, participent de ce jaillissement, aussi bien dans le texte poétique que philosophique (car le spéculatif concerne aussi le poétique du philosophique, et pas seulement l’inverse). Là où rien n’est dit le langage ne retient rien en lui. Le spéculatif, c’est aussi la rétention du disparu, une anamnésis : c’est pourquoi la voix indirecte, métaphorique, symbolique, n’est pas une voix qui cache mais au contraire une voix qui montre, pas une profondeur qui remonte à la surface mais un repli qui est un gain. « Le poétique, écrit George Bataille, est du familier se dissolvant dans l’étrange et nous-mêmes avec lui. Il ne nous dépossède jamais de tout en tout, car les mots, les images dissoutes, sont chargés d’émotions déjà éprouvées, fixées à des objets qui les lient au connu » (L’Expérience intérieure, Gallimard, 1954, p. 17). La question peut commencer à être reformulée de façon plus précise : en quoi le poème est-il un lien spéculatif ?

Pour assister à la séance ou recevoir le lien de visioconférence, il faut obligatoirement utiliser ce formulaire de contact.

Détails

Date :
20 janvier
Heure :
10:30 - 12:00
Catégorie d’Évènement:

Organisateurs

Jacques Doly
Jean-Michel Muglioni

Lieu

ENS, pavillon Pasteur, salle Pasteur