Atelier L’idée de science 2015-2016
animé par Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni
Séance du 19 mars 2016
10h, Caphes 29 rue d’Ulm 75005 Paris (salle à préciser)
L’idée de la science chez Rousseau
Sébastien Labrusse, professeur au lycée Marie Curie, Versailles, docteur en philosophie
Rousseau est très précisément concerné par les sciences et il a consacré de longs développements à l’enseignement des sciences dans Emile ou de l’éducation. Nous prendrons comme exemple l’enseignement de l’astronomie car il révèle sa conception paradoxale du savoir scientifique.
Les leçons d’astronomie dans le Traité de sphère et dans Emile sont singulières : Rousseau expose le système de Ptolémée, qu’il sait faux, et non le système de Copernic, dont on ne peut plus douter de la vérité. Comment expliquer ce choix pédagogique ? Il ne faut jamais, avait dit Rousseau, faire entrer d’idées fausses dans l’esprit d’Emile. Or, il enseigne un système faux ! Comment rendre compte de cette préférence pour l’ancienne physique ? Rousseau souligne que le soleil – qu’il nomme le père de la vie – n’est pas seulement l’objet de la connaissance scientifique, mais est aussi une réalité symbolique. Le ptoléméisme de Rousseau semble s’expliquer par le désir qu’il a de ne pas occulter les significations symboliques et religieuses des phénomènes que les sciences de la nature étudient. Cette étude se propose d’examiner l’entrecroisement de la connaissance scientifique et du savoir symbolique dans la pensée de Rousseau. Outre les textes de Rousseau, dans l’Emile, mais aussi les Confessions, le Traité de sphère, voici quelques indications bibliographiques :
Bensaude-Vincent, Bernadette et Bernardi, Bruno, Rousseau et les sciences, Paris, L’Harmattan, 2003.
Dottrens, E, Rousseau et les sciences de la nature au XVIIIe siècle, Musées de Genève, n° 26, juin 1962, p. 5-8.
Imbert, Francis, Critique de la science, critique de la philosophie chez Jean-Jacques Rousseau, Archives de philosophie, 52, 2, avril-juin 1989, p. 203-230.
Kiernan, Colm, Science and Enlightenment in eighteenth-century France, Oxford, Voltaire Foundation, 1968.