Y. Veyret :contribution au débat sur l’exposé de M. Grimaldi

Yvette Veyret :
contribution au débat sur l’exposé de Muriel Grimaldi
Monde et environnement

La discussion a permis de souligner l’importance des échelles spatiales et temporelles dans l’analyse du fonctionnement de la planète terre.

Il est indispensable de distinguer les temporalités différentes, « temps de la nature », temps des sociétés, temps personnel.

Parmi les temporalités de la nature (différentes selon que l’on évoque les climats, la pédosphère, de l’hydrosphère…) il faut déjà distinguer le climat et le temps. Le climat est « un concept qui caractérise une série d’états des états de l’atmosphère au-dessus d’un milieu dans leur succession habituelles ». Le temps est l’état de l’atmosphère en un instant t, et en un lieu donné (température, humidité, vent….).

Le climat de la planète n’a cessé de se modifier au cours des âges. Ces variations résultent de l’ensemble des changements enregistrés par le système terre (radiation solaire, orbite terrestre, situation des plaques tectoniques et des continents, composition de l’atmosphère…)

Les variations connues ont eu des ampleurs et des durées variables. Ainsi le géographe Jean Pierre Vigneau distingue

*les mutations qui s’étalent sur des millions ou des centaines de millions d’années (Précambrien, ou Primaire avec de grandes périodes glaciaires, quand le Secondaire apparaît comme une période plus chaude le tertiaire est marqué par un refroidissement global.

*Les fluctuations ont une durée de l’ordre de la centaine de milliers d’années. Au quaternaire, elles font se succéder de longues périodes glaciaires et de courts interglaciaires.

*les oscillations occupent encore quelques millénaires et quelques siècles. Celles de l’Holocène (la période succédant au dernier glaciaire) ont connu des écarts thermiques de l’ordre de 5°C, au-début, plus réduits depuis 5000 ans. La plus récente qui a duré quelques siècles correspond au Petit Age glaciaire -1350-1900). Ces oscillations sont dues à des mécanismes naturels (modification de la circulation thermocline-organisation générale des courants superficiels et profonds..) et de l’activité solaire.

*les pulsations se manifestent sur quelques années ou décennies (séries d’années sèches ou arrosées, neigeuses… (réchauffement des années 1920 aux années 1940, refroidissement jusqu’en 1975, réchauffement ensuite jusqu’à la fin des années 1990, refroidissement ultérieur).

Beaucoup attribuent ces pulsations aux modifications anthropiques de l’atmosphère (gaz à effet de serre). Les décennies et siècles futurs diront si ce forçage par les sociétés humaines constitue le facteur premier de ces variations.

Mais cela n’empêche pas d’envisager les effets de celles-ci sur une humanité beaucoup plus nombreuses que par le passé et de tenter de maîtriser et de réduire les rejets de GES.

 

Les temps de la nature sont donc multiples, du très long à l’instantané (les aspects du temps), mais ils sont souvent difficilement compatibles avec le temps des sociétés et le temps des individus. Ainsi les temps d’un fleuve (crue, étiage…) ne correspondent pas à ceux rythmés par les élections de l’élu qui doit gérer la dynamique du cours d’eau.

 

S’agissant des échelles spatiales, la complexité n’est pas moindre. Envisager les effets des grands glaciers dans le fonctionnement climatique de la planète est indispensable. Les grandes nappes de glaces de l’Antarctique et du Groenland épaisses de plusieurs kilomètres (dans les deux cas il s’agit de glaciers continentaux à distinguer de la banquise) constituent des éléments majeurs de la « machine climatique ». Il est impossible de les comparer ou de les mettre sur le même plan que les glaciers de montagnes qui ponctuent l’Himalaya ou les sommets islandais de certains volcans.

De même ce qui est valable à l’échelle locale en termes environnementaux par exemple, ne l’est pas forcément à une autre échelle ou à celle de la planète. Ainsi, envisager les modes de gestion pour une « ville durable » est relativement possible à l’échelle d’un quartier, voire d’une ville moyenne, mais bien difficile à mettre en œuvre à l’échelle d’une vaste agglomération et plus encore dans le cadre de mégapoles (plus de 5 ou 8 millions d’habitants selon les auteurs). Les raisons tiennent notamment à la multiplication des acteurs politiques, des gestionnaires, à leurs visions différentes, à leur appartenance politiques différentes, aux conflits entre acteurs. Ce constat oblige à réfléchir aux rapports « local » « global » deux éléments qui fondent en quelque sorte bien des aspects du « développement durable » mais en marquent aussi bien des limites….

 

Références

Ciattoni A. et Veyret Y. Les fondamentaux de la géographie Colin

Veyret Y (sous la direction de ), 2007, 2011, Dictionnaire de l’environnement, Colin

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