Contribution au débat sur la conférence de Franck Fischbach (A. Foucher)

Atelier « Le monde » (2012-2013)
sous la responsabilité de Jacques Doly et Jean-Michel Muglioni

Séance du 18 mai 2013

Conférence de Franck Fischbach à propos de son livre La privation de monde (Vrin, 2011), contribution d’Alexandre Foucher : « Capitalisme et privation du monde », télécharger le texte (tous droits réservés).

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La privation de monde (Franck Fischbach)

Atelier Le Monde 2012-2013

Séance du 18 mai 2013, 10h – 13h
Caphés, 29 rue d’Ulm 75005 Paris, salle 235 A

Intervention de Frank Fischbach :
à propos de son livre :
La privation de monde
. Temps, espace et capital, (Vrin, 2011)

A la source de ce livre il y a la conviction que certaines des évolutions les plus négatives des sociétés contemporaines confèrent une actualité nouvelle au concept d’aliénation selon la compréhension qu’en ont proposée des penseurs aussi apparemment éloignés l’un de l’autre que Marx et Heidegger : l’aliénation comprise comme privation de monde. Nos sociétés mondialisées sont paradoxalement celles où s’impose l’expérience d’une privation de monde sans précédent. Plusieurs dimensions de cette privation sont analysées ici, notamment l’expérience temporelle d’un présent éternel, l’épuisement de l’historicité et l’accélération frénétique des maintenant successifs. Quant au lieu où se joue originairement la privation de monde, la thèse soutenue est qu’il s’agit du travail dans la forme salariale qui est la sienne sous le capital et dont le caractère mutilant n’a cessé d’être amplifié par les plus récentes évolutions. C’est donc aussi d’une transformation du travail que dépend la possibilité d’un advenir historique de l’être de l’homme dans le monde.

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Le cosmopolitisme (Aurélie Ledoux)

Atelier Le Monde 2012-2013

Séance du 23 mars 2013,
Aurélie Ledoux (lycée Georges Dumézil, Vernon),
10h-12h30, salle du Caphés, 29 rue d’Ulm 75005 Paris

 

Communication d’Aurélie Ledoux

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– Discussion

 

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Le principe d’action et de réaction dans le monde… (Mathieu Gibier)

Atelier Le Monde 2012-2013

Séance du 26 janvier 2013
10h30, salle du Caphés, 29 rue d’Ulm 75005 Paris

Le principe d’action et de réaction dans le monde physique et dans le monde humain
Mathieu Gibier (lycée Henri Martin, Saint-Quentin)

La solidarité est-elle un fait ou une « valeur », un être ou un devoir-être  ? Quand on dit que les pièces d’une machine sont solidaires parce l’une ne peut se mouvoir sans entraîner l’autre, on constate simplement une interdépendance. Et un solide n’est rien d’autre qu’un corps dont le mouvement d’une partie détermine celui des autres. En revanche, lorsqu’on exhorte les hommes ou les Etats à se montrer plus solidaires, il ne s’agit plus de constater un fait, mais de soutenir un idéal qui n’a pas encore été réalisé. Dans les deux cas, on retrouve l’idée de l’interdépendance des parties au sein d’un tout, et pourtant les deux significations sont radicalement différentes.
Ainsi encore, on entend parler sans cesse de la solidarité entre les économies de toutes les nations, l’appauvrissement ou l’enrichissement des unes ayant des conséquences sur toutes les autres. Mais, quant à savoir si les Etats vont se montrer plus solidaires entre eux, si les plus fortunés sont prêts à aider les plus pauvres, par exemple, c’est une toute autre question. Il y a cependant un lien entre ces deux sens de la solidarité  : on peut espérer que l’accroissement factuel de l’interdépendance va, pour ainsi dire, contraindre les Etats à penser davantage à l’intérêt commun, tout simplement parce leur intérêt particulier ne peut plus en être détaché.
C’est ce lien que je voudrais examiner en prenant pour fil conducteur l’usage du principe d’action et de réaction dans la pensée kantienne. Ce principe lui permet de penser aussi bien les faits d’interaction entre les corps qui composent le monde physique que les rapports de force entre les Etats (dans sa philosophie de l’histoire), mais aussi, par analogie, un système du droit (général ou international) dans lequel chaque membre est en interaction avec tous les autres selon des lois universelles et agit librement par ce rapport même (dans sa métaphysique des mœurs). Ce qui, rapporté au monde physique, est un principe constitutif de l’expérience, prend le sens nouveau d’un type régulateur qui nous aide à penser le monde humain comme système de la liberté, et non plus seulement système naturel.
Confondre ces deux usages, c’est risquer de réduire l’homme à une chose de la nature, en ramenant sa vocation à agir selon des principes universels à une réaction mécanique à son environnement. N’est-ce pas un signe de cette confusion que, dans les nouvelles épreuves de «  langue vivante  » du baccalauréat, on parle «  d’interaction  » (plutôt que de dialogue) entre le candidat et l’examinateur  ? Ou bien que l’on ne demande plus guère à ceux qu’on interroge dans les média de répondre au sens d’une question, ou d’exprimer une pensée, mais de «  réagir  » à ce qui les «  affecte  »  ? L’usage du principe d’action et de réaction mutuelle a sa pertinence pour penser les rapports entre les hommes, mais à condition d’en faire un usage analogique qui n’empêche pas de concevoir en quoi la volonté se distingue d’un phénomène naturel.
1. Dans un premier temps, il faut comprendre que l’interdépendance de toutes les choses du monde n’est pas seulement un fait, mais un principe présupposé par tout fait de coexistence. Exister, c’est toujours à la fois agir et pâtir  ; c’est être au monde, sortir de soi.
2. Loin d’aboutir seulement à la vague idée que «  tout conspire  », nous verrons comment ce principe conduit Kant à fonder à sa manière la loi newtonienne d’égalité de l’action et de la réaction, comme principe métaphysique de la science de la nature. C’est un chapitre méconnu de l’histoire des lois du choc des corps.
3. Une fois établi ce principe qui permet de penser la nature comme système, il s’agit de comprendre en quoi on peut y recourir par analogie pour concevoir les rapports entre deux personnes à l’intérieur d’un système de la liberté, comme le fait Kant dans sa fondation du droit (il explique lui-même sa méthode dans la «  typique  » de la raison pure pratique).
La liberté, ce n’est pas la chimère d’une action sans réaction, d’un pouvoir sans contre-pouvoir, mais c’est une action dans laquelle je peux me penser à la fois législateur et sujet (j’intègre en quelque sorte l’idée de la réaction de tous les autres dans mon action même, de sorte que je ne subis plus cette réaction de l’extérieur, comme une violence).
4. Enfin, on sera peut-être en mesure de comprendre comment les deux usages du principe s’articulent dans l’idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, et de répondre ainsi à la question initiale.

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Monde et esprit chez Hegel (Mohamed F. Touati)

Atelier Le Monde 2012-2013

Séance du 17 novembre 2012, 10h-12h30, salle du Caphés, 29 rue d’Ulm 75005 Paris

Monde et esprit chez Hegel
Mohamed Fayçal Touati (université Toulouse 2 Le Mirail)
Argument

La conception hégélienne du rapport de l’esprit au monde est d’une complexité redoutable qui n’est pas sans présenter un intérêt majeur pour penser la notion de monde et les enjeux actuels qui y sont attachés, ce que montrent en particulier les développements récents de la philosophie sociale et l’importance cruciale de la discussion qui y est menée avec Hegel. L’une des difficultés tient dans la compréhension du processus de/qu’est l’esprit et que le § 386 de l’Encyclopédie des sciences philosophiques qualifie de «  libération  ». Il est tentant, notamment dans l’analyse de la question de l’aliénation chez Hegel ou de sa philosophie de l’histoire, d’y voir à l’œuvre le thème de la kénose divine, la dialectique n’étant plus ainsi que la traduction philosophique d’un schéma kénotique puissant qui donnerait tout son sens à la pensée hégélienne. Or, en ramenant ainsi la dialectique à la kénose, rien n’est plus facile alors que de se débarrasser de la première au profit de la seconde, soit qu’il s’agisse de défendre une lecture théologique, soit de se défaire d’un héritage jugé encombrant. A l’opposé de cette stratégie interprétative, je reprendrai et développerai l’idée, suggérée par E. Brito, selon laquelle Hegel réduit la représentation religieuse de la kénose à une allégorie spéculative et je me concentrerai alors sur le problème du statut de l’extériorité chez Hegel sous l’angle du monde historico-social.
C’est qu’il ne suffit pas de parler de dialectique pour que le problème soit résolu et les critiques adressées à Hegel par Marx, notamment, sur le statut de l’extériorité constituent en cela un parfait exemple. Mais imiter un bon exemple n’est pas le copier  : ces critiques ont, pour une part, leur source dans une lecture de la pensée politique de Hegel qu’il s’agit d’interroger. Ainsi la critique de Marx de 1844 repose-t-elle sur le principe méthodologique, énoncé dès 1841, selon lequel il ne suffit pas de critiquer l’accommodement de Hegel à la réalité politique et sociale de son temps, il faut encore déterminer le principe de cet accommodement tel qu’il est à l’œuvre au cœur du système hégélien. Autrement dit, le principe méthodologique de la lecture marxienne de Hegel repose tout entier sur le présupposé politique de l’accommodement et c’est à partir de lui que Marx considère que, avec Hegel, nous avons affaire à un philosophe qui, dans sa Phénoménologie, nous enseignerait, selon la formule de La Sainte famille, «  l’art de métamorphoser les chaînes réelles objectives, existant en dehors de moi, en chaînes purement idéales purement subjectives, existant purement en moi, et par conséquent toutes les luttes extérieures et concrètes en simples luttes d’idées  ». Par là, nous retrouvons la critique de 1844 et sa transformation du concept d’aliénation  : le scandale pour Hegel, selon Marx, c’est l’extériorité comme extériorité et c’est elle qu’il chercherait à supprimer en supprimant son altérité. Ainsi, le conservatisme supposé de Hegel et la suppression de l’extériorité comme extériorité, la suppression du monde réel, sont les deux faces du problème qui nous occupe.
En prenant pour fil conducteur la question de l’aliénation et celle de la révolution, en les croisant et en discutant les lectures de Marx, de Lukacs et de l’actuelle philosophie sociale, je ferai l’hypothèse que Hegel nous offre des outils précieux pour penser les enjeux de notre actualité  : avec lui déjà, la question n’est pas tant celle de l’aspiration à un autre monde possible ou de la confirmation spéculative de l’état de choses existant que la transformation pratique du seul monde qui soit par la réalisation de possibles émancipateurs. En cela, s’il y a bien un scandale pour Hegel, ce n’est pas tant celui de l’extériorité comme telle que sa déraison, c’est-à-dire, notamment, l’irrationalité et l’injustice de ce monde historico-social qui est le sien et qui, par bien des aspects, reste le nôtre.

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Atelier Le monde 2012-2013

L’atelier « Le monde » se poursuit en 2012-2013.

Responsables : Jean-Michel Muglioni et Jacques Doly

 

Calendrier et programme 2012-2013

Les séances ont lieu de 10h à 13h au CAPHES, 29 rue d’Ulm, 75005 Paris, salle 235 A.

  1. 17 novembre 2012, Mohamed Fayçal Touati (université Toulouse 2 Le Mirail) : Monde et esprit chez Hegel. Voir l’argument.
  2. 26 janvier 2013, Mathieu Gibier (lycée Henri Martin, Saint-Quentin) : Le principe d’action et de réaction dans le monde physique et dans le monde humain. Voir l’argument.
  3. 23 mars 2013, Aurélie Ledoux (lycée Georges Dumézil, Vernon) : Le cosmopolitisme. Voir les interventions.
  4. 18 mai 2013, séance de clôture : Franck Fischbach (université de Nice Sophia Antipolis) au sujet de son ouvrage La privation de monde, Paris : Vrin, 2011. Voir l’argument et télécharger le texte intégral de la conférence. Voir les interventions

Conditions d’accès et contact

L’accès aux séances est libre pour tous les adhérents de la SFP, dans la limite des places disponibles. Toutefois, la salle étant d’une capacité limitée, il est préférable de prendre contact préalablement avec les responsables de l’atelier. Les non-adhérents peuvent également y participer avec l’accord du responsable de l’atelier : merci de prendre contact préalablement par mél.

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