Le monde : science et philosophie (par G. Le Mest)

Atelier « Le monde »

Séance du 24 mars 2012

Le monde : science et philosophie, par Gwénolé Le Mest (1)

Argument

La connaissance scientifique progresse et la science en tire un prestige certain et envié, mais ce prestige pourrait à juste titre rejaillir sur la philosophie dont la contribution à la naissance et à l’évolution des sciences ne peut être ignorée. Cependant, décider de s’adonner à la philosophie peut apparaître par ailleurs, dans une certaine mesure, se vouer à une spéculation abstraite et s’exposer au reproche au sujet de l’étude philosophique du monde que Marx, en son temps, osa proférer avec une particulière virulence. En effet, qu’a à nous dire aujourd’hui le philosophe au sujet du monde ou des mondes ? Le nouvel impératif catégorique du philosophe pourrait-il être de s’instruire de tout ce qu’apportent les sciences à la connaissance des mondes (vaste programme dont la réalisation n’empêcherait pas que celui qui en viendrait à savoir beaucoup demeurerait proche de celui qui sait très peu) ? Mais alors, qu’est-ce qui ferait la spécificité de la philosophie ? En vertu du principe de raison, rien n’est sans raison et il y a des raisons de ne pas vouloir diluer la philosophie dans les sciences : voici pourquoi il convient de revisiter la philosophie en son histoire surtout si cela doit contribuer à préciser le dessein qui pourrait en animer aujourd’hui l’essor. Car, sans jamais oublier que le philosophe a posé son regard sur le monde pour faire œuvre de science c’est-à-dire sans opposer science et philosophie, il apparaît nécessaire de maintenir le sens d’une distinction. Cette dernière pourrait-elle être saisie à partir d’une querelle qui opposa nos « héros de la raison pensante » au sujet d’un questionnement philosophique radical : existe-t-il seulement un monde ? Pourrait-elle être opérée à la lumière d’une interrogation méta-cosmogonique engageant le problème de la valeur du monde et formulable ainsi : pourquoi existe un monde qui comporte un être raisonnable qui se pose la question de savoir pourquoi le monde existe ?

1 – Professeur de philosophie au lycée Marie Curie de Tarbes et à l’Ecole interne de l’université de Toulouse le Mirail.

Repères bibliographiques

Aristote, Traité du ciel, Les Belles Lettres 2003

Epicure, Œuvres, Presses universitaires de France, 1987

Lucrèce « De la nature » Paris, Flammarion, 1964

Karl Popper, La connaissance objective, Paris, Aubier, 1991

Le savoir grec, Paris, Flammarion, 1996

Hume, Enquête sur l’entendement humain , traduction Didier Deleule, Paris, Nathan, 1982

Locke, Essai philosophique concernant l’entendement humain, Paris, Vrin, 1972

R. Descartes, Œuvres philosophiques, Paris, Bordas, 1988 (Trois volumes)

Spinoza, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1954

Sylvain Zac, L’idée de vie dans la philosophie de Spinoza, Paris, P.U.F, 1963

Leibniz « Comment distinguer les phénomènes réels et imaginaires » dans Discours de métaphysique et autres textes Paris, Flammarion, 2001

Kant « Œuvres philosophiques » Pléiade (3 tomes)

 

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